9/10Les aventuriers du rail

/ Critique - écrit par Kei, le 02/05/2006
Notre verdict : 9/10 - w00t w00t ! (bruit d'un vieux train) (Fiche technique)

On trouve aujourd'hui majoritairement trois types de jeux : les jeux de questions (comme l'inusable Trivial Pursuit), les jeux de cartes (comme « citadelle » et « madame est servie » ), et les jeux de plateaux. Les aventuriers du rail fait partie de cette dernière catégorie, tout comme l'excellent « colons de katane ».

Des choses simples pour des gens... qui veulent s'amuser

Comme tous les bons jeux grand public, les règles des aventuriers du rail sont rapides à assimiler. Le plateau de jeu représente l'Europe de la fin des années 1800, avec seulement quelques grandes villes. Entre ces villes, il y a des rails de couleur. Le but est de venir poser ses wagons sur ces rails de manière à compléter des missions (une mission consiste à relier deux villes plus ou moins éloignées par un même train). Le jeu s'arrête lorsque l'un des joueurs a posé tous ses wagons (ou presque, mais il est inutile de rentrer dans les détails ici). Pour pouvoir poser des wagons sur des rails d'une certaine couleur, il faut payer un coût, égal à la longueur des rails que l'on veut occuper, avec des cartes de la couleur de ces rails. Ces cartes sont piochées pendant le jeu, car pour chaque tour on doit choisir si on va poser des wagons ou bien piocher des cartes.
Une fois la partie terminée, on compte les points : ceux rapportés par les missions et ceux rapportés par le nombre de wagons posés. Sur ce dernier point, il faut savoir que plus un tronçon est long, plus il rapporte de points. Par exemple, un tronçon de deux wagons rapporte 2 points, mais un de 7 wagons en rapporte 15. Et les deux se compensent assez bien. Il n'est pas rare de voir un joueur dernier après le décompte du nombre wagons passer premier une fois les missions prisent en compte.
Et c'est tout.

A la seule vue du principe du jeu, on se demande bien en quoi le jeu mérite une telle note. En fait, ce jeu est stressant. Les rails reliant des villes ne sont pas nombreux, et il faut bien souvent se battre pour pouvoir poser ses wagons sur le tout petit tronçon sans lequel vous ne pourrez pas finir votre mission. Enfin... Se battre est un bien grand mot. Disons plutôt que pendant le tour où vous comptez installer vos wagons, vous stressez, vous priez, et vous menacez les autres joueurs, en espérant qu'aucun d'entre eux ne prendra votre place.
Les nouveaux joueurs stressent en espérant. Les joueurs aguerris essaient de deviner quelles sont les missions des adversaires pour tenter de prévoir leurs coups et stressent quand ils s'aperçoivent qu'ils se sont trompés depuis le début.

Certaines personnes un peu blasées par les jeux de sociétés (dont je fais partie) diront qu'il suffit d'être un peu détaché du jeu pour ne rien ressentir. Mais ils se trompent. Le seul moment où l'on sait qui a gagné, c'est à la fin du jeu, après le décompte des points. A aucun moment dans la partie on ne peut savoir qui mène la danse, qui est loin derrière. Le suspense dure jusqu'au bout. Jusqu'au décompte des points. Car ce n'est pas souvent le joueur qui a posé tous ses wagons qui gagne. Comme dit plus haut, le système de point est très bien pensé et le nom du gagnant n'est vraiment connu qu'à la toute fin.

On cherche encore des défauts

Une des craintes que l'on pourrait avoir à propos de ce jeu, c'est son apparent manque de diversité. Les missions ne sont pas en nombre infini, et à force de jouer, on les connaît toutes. Et la nouveauté disparaît. Mais à ce stade, la stratégie apparaît : en connaissant les missions, on tente de prévoir les coups des autres joueurs, on tente de bloquer leur progression (en posant par exemple des wagons sur les tronçons évoqués plus haut), on tente de marchander les trajets (en faisant des pactes de non-agression - mais pour être franc, ça ne marche jamais) ... Le jeu prend alors une toute autre dimension, et on devient véritablement accroc.

Heureusement, il n'existe pas qu'une seule technique pour gagner. Ceux qui vous diront le contraire ne sont que des vantards, qu'il sera relativement facile de battre en employant une stratégie différente de la leur. D'ailleurs, on remarque que dans une partie, le vainqueur est souvent celui qui a adopté un style de jeu non utilisé par les autres joueurs. Je ne détaillerai pas ici les « techniques » que j'ai pu observer pour ne pas gâcher votre découverte du jeu, mais sachez que l'on peur vraiment adopter des stratégies très différentes.

L'autre crainte vient d'un problème récurrent de ce genre de jeux : la durée des parties. Habituellement, se mettre à un jeu de société signifie passer au moins une heure et demie à une table. Cela signifie aussi de longues minutes passées à se regarder dans le blanc des yeux en attendant qu'un joueur se décide. Cela signifie ne pas faire de revanche ou de belle parce que « ça prendrait trop longtemps » et ce en dépit de votre envie de battre votre copain/mari/frère/père (rayez les mentions inutiles et utilisez le féminin si nécessaire) qui ne vous a gagné que de deux malheureux points.
Ici, il n'en est rien. A part la première qui est toujours un peu longue, les parties se terminent toujours assez rapidement en une demi-heure à quarante cinq minutes environ. On n'hésite donc pas à sortir le jeu pour le café par exemple, dès que l'on a une petite heure à tuer.

Quand y'en a plus, y'en a encore

Et pour tous ceux que l'Europe à fini par lasser, on trouve une extension, ou plutôt une deuxième version des aventuriers du rail, qui prend place au nouveau monde. A vous la conquête de l'Ouest, l'exploration du Canada et la ruée vers l'or. Mais si vous achetez cette version, ce sera moins par lassitude de l'ancienne que par envie de continuer à ce jeu.
Les fans pourront aussi regarder une toute nouvelle version, qui apporte de vrais changements au jeu. Malheureusement, je n'ai pas encore pu y jouer, mais le jeu semble gagner en profondeur et en complexité.

Les aventuriers du rail est un jeu génial, et le mot n'est pas trop fort. Il est si bien que de nombreux fans ont créé des cartes plus « locales » pour continuer à jouer. On trouve ainsi des plans de Lyon, mais aussi celle de Belgique. Vous trouverez sur le coté les liens pour ces cartes à faire soit même.

Pour les heureux possesseurs d'un accès à Internet, et je sais qu'ils sont nombreux à nous lire, sachez que l'on peut jouer aux aventuriers du rail sur Internet, via un site dédié. Une applet java se lance, et on peut jouer, que l'on possède le jeu ou non. Mais si vous l'achetez, vous pourrez entrer votre pseudo pour apparaître dans le classement des joueurs qui se constitue en ligne. Et croyez-moi, arriver dans les 1000 premiers n'est pas une chose facile, surtout si on ne dispose pas de beaucoup de temps devant soi.
Mais ne vous y trompez pas ! Entre la version numérique et la version plus matérielle, il y a un monde : celui de la convivialité. Il serait faux de croire que l'on s'amuse autant sur Internet qu'autour d'une table. Les aventuriers du rail est un jeu de société, et ce n'est pas pour rien.

Au passage et en guise de conclusion, vous serez heureux d'apprendre que je ne suis pas le seul à penser beaucoup de bien de ce jeu, puisqu'il se vend très très bien, et qu'il a recu beaucoup de récompenses.
Alors n'hésitez pas, foncez vous l'acheter.